(Lettre ouverte cosignée par le Réseau des Centres de ressources périnatales et La Maison Bleue)
Nous profitons de la Semaine nationale de la santé mentale pour souligner que nous sommes, en tant qu’acteurs dédiés à la périnatalité au Québec, préoccupés par la santé mentale des femmes enceintes et des mères de jeunes enfants.
Les recherches récentes sur l’impact de la pandémie et des mesures sanitaires sur la santé mentale sont sans équivoque : les femmes enceintes et les mères de jeunes enfants ont été durement touchées.
Une étude importante[1] publiée en octobre dernier dans The Lancet fait le point sur la prévalence et le fardeau des troubles anxieux et dépressifs en 2020, avant et pendant la pandémie. Les chercheurs ont mené une revue systématique de la littérature et épluché les données d’enquête de population publiées dans 204 pays entre janvier 2020 et janvier 2021. Leurs conclusions? Les femmes entre 20 et 40 ans, âge où elles sont le plus susceptibles d’avoir des enfants, auraient été les plus touchées sur le plan de la santé mentale durant la pandémie. (voir le graphique)
Plus près de nous, la Dre Anick Bérard, chercheuse au CHU Sainte-Justine, dévoilait récemment les résultats d’un volet de l’étude CONCEPTION, qui s’intéresse aux effets de la pandémie et des mesures sanitaires sur la santé mentale des femmes enceintes. L’étude, qui se penche sur les trois premières vagues de la pandémie, met en évidence que 23% des femmes enceintes ou post-partum souffraient de symptômes dépressifs majeurs. Chez près de 40% d’entre elles, ces symptômes étaient de modérés à sévères, associés notamment à l’anxiété et au stress.
Une détresse vive observée sur le terrain
Dans les Centres de ressources périnatales (CRP), la demande est croissante pour les groupes de soutien en dépression post-partum, les services de Relevailles à domicile et les activités d’échange qui permettent de rencontrer d’autres parents et de briser l’isolement. L’absence de réseau de soutien, qui représentait déjà un défi de taille pour les nouveaux parents avant la pandémie, est étroitement lié à la détresse vécue.
Du côté de La Maison Bleue, les intervenantes des quatre sites ont constaté une augmentation de troubles de santé mentale auprès des femmes en contexte de vulnérabilité. Celles-ci font face à l’isolement et aux difficultés familiales qui s’ajoutent à certains facteurs de risque connus comme la monoparentalité, les contextes migratoires précaires ou les enjeux de consommation.
Des impacts sur la mère et sur l’enfant
Il est démontré que le stress, l’anxiété et la dépression maternelle peuvent avoir un impact sur le bébé à naitre, qui sera plus à risque de prématurité, de petit poids à la naissance ou de retard de développement. Après la naissance, la dépression et les symptômes anxieux et dépressifs du parent peuvent réduire sa capacité de prendre soin de son enfant et nuire au développement du lien d’attachement.
Pour que chaque enfant se développe à son plein potentiel, les parents doivent avoir accès aux bons services, au bon moment. Engageons-nous à assurer et à faciliter l’accès aux services de soutien psychosocial, médical et éducatif à toutes les femmes qui traversent cette période de grands bouleversements qu’est la période périnatale.
Marie-Claude Dufour, Directrice générale, Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec (RCRPQ)
Amélie Sigouin, Cofondatrice et directrice générale, La Maison Bleue