Cette lettre ouverte a été publiée dans les Coops de l’information, ainsi que sur le site du Journal de Québec et le Journal de Montréal.
Le 1er février dernier, les élu(e)s de l’Assemblée nationale du Québec ont unanimement adopté le projet de loi 595 présenté par la députée de Notre-Dame-de-Grâce, Mme Désirée McGraw, établissant ainsi le 15 octobre comme la Journée québécoise de sensibilisation au deuil périnatal.
Chaque année, plus de 20 000 familles vivent la perte d’un enfant pendant la grossesse, à la naissance ou peu de temps après celle-ci. Les conséquences d’un tel événement sont profondes, impactant la santé mentale des parents, la dynamique du couple et la vie familiale. La prévalence de ce deuil ainsi que ses répercussions psychosociales demeurent pourtant largement méconnues.
Bien que l’initiative de la députée McGraw soit un premier pas louable vers la reconnaissance de ce deuil tragique, elle soulignait elle-même, lors de l’adoption du projet de loi, que le Québec a encore du chemin à faire pour mettre en place des politiques publiques éclairées visant à appuyer ces milliers de familles endeuillées.
Des acteurs nationaux demandent un meilleur accompagnement des familles
Le Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec, en collaboration avec quatre de ses partenaires nationaux engagés en périnatalité, a lancé, le 26 janvier dernier, « La périnatalité au Québec : Livre blanc du milieu communautaire ». Ce livre blanc est un document qui expose les préoccupations communes du milieu concernant l’accompagnement des familles pendant la période périnatale. Il présente des constats issus de l’expérience terrain, appuyés par des données probantes, et émet des recommandations pour améliorer les pratiques actuelles. Le soutien dans le deuil périnatal représente l’une des cinq priorités d’action mises de l’avant.
En plus du nécessaire travail de sensibilisation, il est crucial d’agir maintenant pour augmenter, pérenniser et promouvoir l’offre de services de soutien aux personnes vivant un deuil périnatal, ou envisageant une grossesse à la suite d’un décès périnatal, et ce, à travers tout le Québec.
Reconnaître le rôle indispensable des organismes communautaires
À l’échelle provinciale, plusieurs organismes communautaires, tels que les Centres de ressources périnatales (CRP), fournissent des services spécifiques et gratuits pour les familles qui vivent un deuil périnatal. Ces services comprennent généralement du soutien individuel, des groupes d’entraide permettant de briser l’isolement, d’échanger avec d’autres parents vivant une situation similaire, et de se sentir compris et validé dans le deuil. Certains organismes offrent également des services de marrainage, jumelant des parents ayant déjà surmonté un deuil périnatal.
Ces organismes agissent de manière complémentaire au réseau de la santé et des services sociaux et font une énorme différence dans la vie des parents. Malheureusement, ces ressources restent largement méconnues et ne sont pas réparties équitablement dans la province.
La période périnatale représente un moment charnière dans la vie des parents, car ce moment est marqué par une grande vulnérabilité et par la présence de défis uniques. Lorsqu’une situation difficile comme un décès périnatal survient, il est crucial que tous les parents aient accès, près de chez eux, à une offre de soutien suffisante, au bon moment.
Maintenant que nos élus reconnaissent l’importance de sensibiliser la population à ce deuil spécifique, il est temps de concrétiser cet engagement en prenant des mesures concrètes en faveur des familles concernées.
Marie-Claude Dufour
Directrice générale du Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec