Cette année, la Semaine québécoise de la paternité se déroule sous le thème « Faire équipe dès le départ ». Un thème en apparence simple, mais tellement évocateur. Nécessairement, comme directrice générale du Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec (RCRPQ), je me suis sentie interpellée. C’est toutefois en ma qualité de mère et de conjointe que j’ai eu envie d’écrire ces quelques lignes.
Avant mon arrivée au RCRPQ, je n’avais jamais entendu le mot « coparentalité ». Le terme évoquait pour moi le partage des tâches. J’ai vite appris que c’était bien plus que cela. Il fait référence à un travail d’équipe, qui repose sur une saine communication et une véritable reconnaissance de l’autre.
Quand on attend notre premier enfant, on se projette dans le futur comme famille, sans trop savoir ce qui nous attend. On planifie, on achète du matériel pour l’arrivée de bébé, on crée de l’espace physique pour ce petit être qui fera bientôt son entrée dans le monde et chamboulera nos existences respectives à tout jamais. Enceinte de ma fille, mon conjoint et moi avons partagé nos idéaux, nos rêves et nos craintes. Nous avons communiqué certes, mais en y repensant, je ne crois pas avoir été très à l’écoute de ses besoins à lui, de l’avoir reconnu comme père et coparent à part entière. Dans mon esprit, je portais le bébé, je faisais tout le travail et subissais tous les désagréments. Ainsi, la reconnaissance me revenait. Je l’ai relégué sans le vouloir dans un rôle de soutien. Il disait souvent qu’il aurait aimé être père au foyer. À la blague, bien sûr. Ou du moins, c’est ce que je croyais. En fait, nous n’avons jamais vraiment discuté de cette possibilité. Je me demande aujourd’hui quels compromis nous aurions pu faire, entre autres sur le plan financier, pour lui permettre de prendre ne serait-ce que quelques semaines supplémentaires de congé parental.
Inconsciemment, dans mon rôle de mère, j’ai reproduit ce que j’avais vécu et observé. J’ai pris soin et répondu aux besoins de mes enfants; ne jouant que très rarement avec eux. Pour moi, c’était le rôle de mon conjoint et il le faisait très bien. Il a pourtant tenté de me faire réaliser l’importance du jeu comme type d’interaction avec son enfant, mais j’étais fatiguée de m’occuper d’eux, je n’avais pas envie de jouer. Peut-être était-il lui aussi fatigué d’être le seul à jouer avec eux. Plutôt que d’essayer de voir l’autre côté de la médaille, je consultais des blogues de mère qui me confortaient dans mes positions. J’ai fini par comprendre et intégrer la notion de jeu plus tard, alors que ma fille était bambine.
Ne vous méprenez pas, ce ne sont pas des regrets que j’exprime ici à travers ces exemples. Je partage un bout de mon histoire personnelle, en espérant que cela puisse en inspirer d’autres à faire autrement. Osez poser des questions. Demandez à l’autre comment il se sent. Même si cela peut être confrontant, demandez-vous ce que vous pourriez faire de différent pour que vous formiez réellement une équipe parentale. Nous faisons tous partie de la solution. Chacun peut faire un bout de chemin pour qu’on avance ensemble vers la coparentalité.
Marie-Claude Dufour
Directrice générale du Réseau des Centres de ressources périnatales du Québec
Maman de Charlotte et Édouard